Page:Audoux - La Fiancee.djvu/229

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le recueillir et l’envelopper de langes bien chauds.

Par contre, elle avait demandé une crèche beaucoup plus grande que celle de l’an dernier, où le bœuf et l’âne, au lieu d’être peints en noir, seraient recouverts de peau, tout comme les vrais.

Confiante, elle s’endormit enfin. Et, aussitôt, sa mère se mit au travail, découpant et plissant des papiers d’or et d’argent, pour de magnifiques guirlandes qui allaient décorer la crèche, encerclant les cornes du bœuf et les oreilles de l’âne, se croisant et s’enroulant au faîte des sapins, afin de former un dôme sous lequel dormirait l’enfant Jésus venu au monde à minuit. Non pas un petit Jésus en sucre, comme le dernier, et que Linette avait croqué par morceaux, mais un Jésus en cire rose, plus grand que la main et couché sur de la paille brillante et pleine de givre.

Minuit était sonné lorsque toutes choses furent mises en place dans la chambre de Linette. La mère, pensive, restait à contempler le joli visage de sa fillette, mais, inquiète, bientôt, de l’absence prolongée de son mari.