Page:Audoux - La Fiancee.djvu/237

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flottaient au vent et les pâtissiers, tout vêtus de blanc, tiraient déjà de leur four en tôle de grandes plaques de gâteaux appétissants.

Une violente poussée de la foule sépara Vincent et Aline, et comme tous deux se cherchaient des yeux, ils virent, à quelques pas, un garçon de quatorze à quinze ans qui tournait le dos à une boutique de pains d’épice et regardait tristement passer les gens.

C’était le fils d’un camarade de Vincent, mort un an plus tôt. Sa mère, très pauvre, travaillait dur pour finir d’élever l’enfant qui commençait seulement son apprentissage.

Vincent et Aline se rejoignirent auprès de lui.

— Qu’est-ce que tu fais là, tout seul, Charlet ?

Et, du même mouvement, ils le tournèrent face à la boutique.

Aline embrassa le garçonnet et Vincent, tout joyeux, lui dit :

— Allons, mon gars, choisis là-dedans !

Les regards de Charlet passèrent sur les colonnes de nonnettes enveloppées de leur papier d’argent, sur les carrés de pain d’épice