Page:Audoux - La Fiancee.djvu/252

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pas besoin de le mettre en cage ; il faudra du temps avant que ses ailes deviennent longues.

La mère Sylvain ne pouvait détourner ses yeux de la fine bouche de Tati, de ses yeux bleus, de ses cheveux jaunes et de son petit cotillon rouge.

— Quel oiseau ! dit-elle en riant à son tour.

À table, très haussée sur sa chaise, Tati prit tout de suite à pleines mains la soupe qui emplissait son assiette, puis elle allongea sa langue rose pour essayer de laper comme un jeune chien. Ce que voyant, la mère Sylvain l’obligea de prendre sa cuillère, mais au lieu de s’en servir pour manger Tati s’en servit pour taper à grands coups sur sa soupe, faisant rejaillir le bouillon sur les autres et sur elle-même, éclaboussant le pain, le fromage et même les confitures dont on venait d’ouvrir un pot exprès pour elle.

Et le père Sylvain, au lieu de gronder, riait, riait, riait…


FIN