Page:Audoux - La Fiancee.djvu/32

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du néflier, mais leurs pensées haineuses à son sujet ne devaient pas cesser d’être d’accord, car une nuit que le sommeil les fuyait, Nestin, la voix mauvaise, dit tout à coup :

— À quoi sert-il ?

Et aussitôt Nestine répondit :

— À rien, puisque les nèfles ne sont pas pour nous.

— C’est bon, reprit Nestin, il servira au moins à nous chauffer.

Alors, au matin suivant, on vit Nestin s’approcher de l’arbre et commencer de le scier aussi bas que le lui permettait son tour de reins, qui n’en finissait pas de guérir. Il se servait d’une scie à main, soigneusement affûtée pour ce cas difficile. Cette scie, qui n’avait servi jusque-là qu’à du bois mort, semblait se refuser à scier du bois vivant. Elle butait et ressautait sur l’écorce, et, à tout instant, elle échappait à Nestin. Il fallut toute l’autorité d’une main ferme pour qu’elle puisse franchir l’écorce et entrer dans le bois tendre. À ce moment, le néflier commença de trembler et de se plaindre. Il tremblait et se plaignait comme quelqu’un qui a peur et