Page:Audoux - La Fiancee.djvu/52

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— Elles étaient belles, tu as vu, Nestin ?

— Oui, oui, oui…

— Avec le bois un peu rose ; et bien vertes par la pointe.

— Oui, oui, oui…

— Je les aurais fait cuire à grande eau et on les aurait mangées moitié à la vinaigrette et moitié en sauce blanche.

— Oui, oui, oui…

Et, cette fois, il semblait bien que le petit sifflet de Nestin n’était plus rouillé du tout.

Cette nuit-là ils s’endormirent plus tôt, satisfaits comme s’ils avaient réellement dîné d’un bon plat d’asperges.

Au début de l’hiver, il arriva que le châtelain mourut.

Cette fois, Nestin et Nestine n’eurent pas à aller loin pour l’enterrement. Le vieil avare voulait être enterré au fond de son parc, tout au bout de la grande allée faisant face au château. Après avoir vécu de ce que produisait sa terre il voulait reposer en compagnie de ce qu’elle conservait au-dedans. Nestin et Nestine, entrés par la grille des communs, se mêlèrent tout de suite aux serviteurs qu’ils