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MARIE-CLAIRE

Les sons de l’harmonium venaient de la chapelle jusqu’à moi ; par instants je reconnaissais les notes aigres et perçantes de Madeleine, et les éclats saccadés de M. le curé.

Je suivais la messe d’après les chants. La voix de Colette monta tout à coup ; elle était forte et pure ; elle s’élargit, couvrit les sons de l’harmonium, domina tout, puis elle s’envola par-dessus les tilleuls, par-dessus les maisons, plus haut que le clocher.

J’en ressentis un grand frisson, et quand la voix redescendit un peu tremblante, quand elle fut rentrée dans l’église et étouffée par les sons de l’harmonium, je me mis à pleurer avec des hoquets, comme une toute petite fille. Puis la voix pointue de Madeleine perça de nouveau, et je balayais à grands coups, comme si mon balai devait effacer cette voix qui m’était si désagréable.