Page:Audoux - Valserine and other stories.djvu/205

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Elle fermait les yeux, pour essayer de revoir les choses sous leurs formes anciennes ; mais elle n’y parvenait pas. Elle n’en ressentait pas de trouble ; elle regrettait seulement que son père ne fût pas là, pour en rire avec elle, comme il avait fait la première fois qu’ils étaient venus ensemble sur ce chemin, et qu’elle avait vu les choses tout à l’envers. C’était à la place même où elle se trouvait en ce moment, que le contrebandier s’était arrêté pour lui dire :

“ Tu n’as pas de chance. On ne voit pas le lac de Genève aujourd’hui. ”

Il avait ajouté, en abaissant son bâton vers la plaine :

“ Tiens, il est sous ce monceau de nuages gris, que tu vois là tout en bas. ”

Mais la Valserine avait aussitôt levé la main vers le mont Blanc, pour montrer à son père le lac, qui s’étalait très large et très bleu, entre deux nuages roses, au-dessus des glaciers.

Il lui était arrivé une autre fois, de