Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/20

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m’irritaient, mais ne diminuaient pas un seul instant en moi le désir d’arriver à de parfaites reproductions d’après nature. Plus mes copies étaient mauvaises, plus je découvrais de beautés dans les originaux. M’arracher de mes études, c’eût été pour moi la mort ; tout mon temps y était pris. Chaque année vit éclore des centaines de ces grossières ébauches qui, pendant longtemps, à ma demande, ne servirent qu’à faire des feux de joie aux anniversaires de ma naissance.

Patiemment, et avec assiduité, je continuai de m’appliquer à l’étude. Je sentais bien l’impossibilité de communiquer la vie à mes représentations ; mais je n’abandonnais pas pour cela l’idée de reproduire la nature.

Plusieurs plans furent successivement adoptés, de nombreux maîtres me dirigèrent la main. À l’âge de seize ans, quand je revins de France, où j’étais allé pour recevoir les premiers rudiments de mon éducation, mes dessins avaient pris forme. David avait guidé mon crayon traçant des objets de dimensions impossibles, des yeux et des nez de géants, des têtes de chevaux représentées dans d’anciennes sculptures… Ce pouvait être là des sujets fort convenables pour des individus prétendant atteindre à de plus hautes branches de l’art ; mais moi, je les eus bientôt mis de côté, et retournant à mes bois du Nouveau-Monde, plein d’une nouvelle ardeur, je commençai une collection de dessins non interrompue depuis, et que je publie maintenant sous ce titre : « Les Oiseaux d’Amérique. »

Il m’arrivera souvent, cher lecteur, de vous ren-