Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/23

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rêts des miens. J’entrepris de longs et ennuyeux voyages, fouillai les bois, les lacs, les prairies et les rivages de l’Atlantique. Des années se passèrent loin de ma famille ; et pourtant, lecteur, me croirez-vous ? je n’avais en vue que cet unique objet : simplement jouir du spectacle de la nature. Jamais, même un seul instant, je n’avais conçu l’espoir d’être, en quoi que ce fût, utile à mes semblables ; jusqu’au jour où, par hasard, je fis la connaissance du prince de Musignano, à Philadelphie, où m’avait conduit l’intention de m’avancer plus à l’est, le long de la côte.

J’atteignis Philadelphie le 5 avril 1824, juste au moment où le soleil disparaissait sous l’horizon. Excepté le bon docteur Mease, qui m’avait visité dans ma jeunesse, j’avais à peine un ami dans toute la ville, car alors je ne connaissais ni Harlan, ni Witherell, ni Macmurtrie, ni Lesueur, ni Sully. — J’allai chez lui, et lui montrai quelques-uns de mes dessins. Il me présenta au célèbre Charles-Lucien Bonaparte, qui, à son tour, m’introduisit dans la Société d’histoire naturelle de Philadelphie. Mais ce patronage, dont j’avais tant de besoin, je me sentis bientôt poussé à aller le chercher ailleurs. Je laissai Philadelphie, visitai New-York, où je trouvai un accueil bien propre à relever mes esprits abattus ; ensuite, remontant le noble cours de l’Hudson, je glissai sur nos grands lacs, cherchant les plus inaccessibles solitudes de nos sombres et sauvages forêts.

C’est dans ces forêts que me vint, pour la première fois, l’idée d’un second voyage en Europe ; et déjà je