Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/241

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que nous offrîmes et qui furent acceptés. Nous partîmes ; le pays que nous traversions semblait devoir fournir ample matière à nos observations, mais il plut toute la journée. Au soir, nous fîmes halte à une petite maison qui appartenait au père de notre conducteur. C’était la nuit du dimanche, les bonnes gens n’étaient pas encore revenus du temple[1] situé à une certaine distance ; et nous ne trouvâmes au logis que la grand’mère de notre automédon, brave femme, d’une mine accorte et prévenante, et qui se donnait autant de mouvement que l’âge pouvait le lui permettre. Elle alluma un bon feu pour sécher nos habits, et mit sur la table assez de pain et de lait pour en rassasier plusieurs autres avec nous.

Les cahots de la charrette nous avaient fatigués ; nous demandâmes à nous reposer, et l’on nous conduisit à une chambre où il y avait plusieurs lits. En souhaitant le bonsoir à notre hôtesse, je lui dis que le lendemain je lui ferais son portrait, pour qu’elle le donnât à ses enfants ; et quelques minutes après, mon camarade et moi nous étions couchés et endormis. Probablement nous aurions ronflé jusqu’au matin, si nous n’avions été réveillés par l’éclat d’une lumière que portaient trois jeunes demoiselles. Elles regardèrent, du coin de l’œil, où nous étions, soufflèrent leur chandelle, et gagnèrent à tâtons un lit qui était à l’autre bout de la chambre. Comme nous n’avions pas ouvert la bouche, elles nous supposaient, sans doute, plongés dans un profond sommeil ;

  1. Meeting-house. Proprement, le lieu où s’assemblent les non-conformistes.