Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/244

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gnage, en admirant ses grandes, ses magnifiques œuvres ! J’avais ouvert la boîte qui contenait mes dessins ; et mettant mon portefeuille sous mon bras, ainsi que de bonnes lettres de recommandation dans ma poche, j’enfilai la principale rue, regardant à droite et à gauche, examinant les différentes têtes que je rencontrais ; tant et si bien, qu’enfin mes yeux se fixèrent dans une boutique, sur une honnête figure de gentleman qui me fit l’effet d’avoir envie de son portrait. Je lui demandai la permission de me reposer, ce qu’il m’accorda ; et comme je restais là, ayant soin de ne pas ajouter un mot, il s’informa de ce que je portais ainsi « dans ce portefeuille ». Que ces trois mots sonnèrent délicieusement à mes oreilles ! Sans me les faire répéter, j’étalai mes cartons devant lui. C’était un Hollandais, il loua beaucoup l’exécution de mes oiseaux et de mes fleurs ; je lui montrai le croquis du meilleur ami que j’aie maintenant en ce monde, et lui demandai s’il ne désirerait pas le sien dans le même style. Certes, je ne puis pas dire qu’il me répondit affirmativement ; mais du moins il m’assura qu’il allait s’employer de son mieux pour me faire avoir des pratiques. Je le remerciai, vous pouvez le croire, cher lecteur ; on convint du lendemain matin, pour les séances, et je rentrai à la halte des voyageurs, avec l’espoir que le lendemain matin pourrait en effet m’être propice. Le souper était prêt. En Amérique, il n’y a généralement qu’une sorte de table d’hôte, à laquelle il fallut bien nous asseoir ; cependant tout le monde m’avait pris pour un missionnaire, à cause de mes longs cheveux que je portais alors flottants sur mes