Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de la foudre, il tombe sur le lieu où ils se croient si parfaitement cachés. Qu’il est beau à voir, quand il plane dans l’espace, se balançant lentement sur ses ailes, décrivant de larges cercles, superbe et majestueux, comme il convient au roi des oiseaux ! Souvent il continue ainsi des heures entières, toujours avec la même grâce et sans la moindre apparence de lassitude.

Son nid est constamment placé sur le rebord inaccessible de quelque horrible précipice, et jamais, que je sache, sur un arbre. D’une grande étendue et tout plat, il se compose seulement de quelques branches sèches et d’épines, et parfois il est si peu garni, qu’on pourrait dire que les œufs reposent à nu sur le roc. Il y en a généralement deux, rarement trois, d’une longueur de trois pouces et demi, avec un diamètre de deux pouces et demi à l’endroit le plus large. La coquille est épaisse et lisse, comme irrégulièrement lavée de brun, surtout au gros bout. Ils sont pondus vers la fin de février ou le commencement de mars ; je n’ai jamais vu de petits nouvellement éclos ; mais je sais qu’ils ne quittent pas le nid avant d’être en état de se suffire à eux-mêmes. Et c’est alors que les parents les expulsent de leur demeure, et bientôt du canton qu’ils se sont assigné pour leur propre chasse. Un couple de ces oiseaux fit son nid, huit années de suite, sur les rochers des bords de l’Hudson, et toujours au penchant du même abîme.

Leur cri, dur et aigu, ressemble parfois à l’aboiement d’un chien ; c’est ce qui se remarque surtout vers la saison des amours, où ils deviennent extrêmement