Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/307

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tire son couteau, lui tranche la gorge presque d’un seul coup, et s’apprête à le dépouiller. Pour cela, il le suspend à la branche d’un arbre, et bientôt l’opération est terminée ; puis il coupe les jambons, abandonnant le reste aux loups et aux vautours, recharge son fusil, enveloppe la venaison dans la peau qu’il jette sur son épaule où il l’attache avec une courroie, et se remet en quête d’un nouveau gibier ; car il sait qu’il n’ira pas loin, sans en retrouver pour le moins autant.

Si la saison eût été chaude, c’est du côté de la montagne où l’ombre donne, que le chasseur aurait cherché les traces du daim. Au printemps, il nous eût conduits au plus épais d’un marécage couvert de roseaux, sur les bords de quelque lac solitaire où vous eussiez vu le daim plongé jusqu’au cou, pour échapper aux insupportables piqûres des cousins. Si l’hiver, au contraire, eût recouvert la terre de neige, il se serait dirigé vers les bois bas et humides que tapissent la mousse et le lichen dont les daims se nourrissent en cette saison, et qui parfois encroûtent les arbres jusqu’à plusieurs pieds de hauteur. En d’autre temps, il eût remarqué les endroits où l’animal, frottant ses cornes contre les branches des arbrisseaux, les débarrasse de leur enveloppe veloutée ; ceux où il a coutume de creuser la terre de ses pieds de devant ; ou bien, il l’eût attendu aux lieux où abondent le pommier sauvage et le plaqueminier[1] sous lesquels il s’arrête de préférence,

  1. Persimon (Diospyros Virginiana), ou plaqueminier de Virginie. C’est un arbre d’environ 60 pieds ; le fruit est jaune, rond, de la grosseur d’une pomme et assez succulent.