Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/368

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luées par leurs cris joyeux, et je les vis qui traversaient les airs de côté et d’autre, donnant la chasse à quelques insectes, à ras de la surface de l’eau. Ils étaient pleins d’entrain, volaient fréquemment dans la caverne, en ressortaient, et se posant parfois à l’entrée, sur un arbre favori, semblaient engagés dans l’entretien le plus intéressant. Le léger frémissement de leurs ailes, les battements de leur queue, leur crête redressée, leur air propret, tout indiquait que la fatigue était oubliée, et qu’ils étaient reposés et heureux. Quand je parus dans la grotte, le mâle se précipita violemment à l’entrée, fit claquer plusieurs fois son bec avec un bruit strident, accompagnant cette action d’une note prolongée et tremblante dont je ne tardai pas à deviner le sens. Puis il vola dans l’intérieur et en ressortit avec une rapidité incroyable : on eût dit le passage d’une ombre.

Plusieurs jours de suite, je revins à la caverne, et je vis avec plaisir qu’à mesure que ces visites se multipliaient, les oiseaux, de leur côté, devenaient plus familiers. Une semaine ne s’était pas écoulée, qu’eux et moi nous étions sur un pied d’intimité complète. On était alors au 10 d’avril ; il n’y avait plus de neige et le printemps se trouvait avancé pour la saison. Ailes-rouges et étourneaux commençaient à paraître. Je m’aperçus que les pewees se mettaient à travailler à leur vieux nid. Désireux d’examiner les choses par moi-même, et de jouir de la société de cet aimable couple, je me déterminai à passer auprès d’eux la plus grande partie de mes journées. Ma présence ne les alarmait plus du tout ; ils apportèrent de nouveaux matériaux pour gar-