Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/462

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sonne, quand on saura que certaines parties des sables sont connues pour renfermer, dans l’espace d’un mille, les œufs de plusieurs centaines de tortues. Elles creusent un nouveau trou à chaque ponte, et le second est généralement près du premier, comme si l’animal n’avait nullement conscience de l’accident qui lui est arrivé. On concevra sans peine que la multitude d’œufs qui se trouvent dans le ventre d’une tortue ne soient pas tous destinés à être pondus la même année. Le plus qu’un seul individu puisse en pondre dans le courant d’un été, c’est quatre cents environ ; tandis que, lorsque l’animal est pris sur le nid ou quand il est près de pondre, les œufs qui lui restent dans le corps, tout petits, dépourvus de coquille et empilés par larges couches, dépassent le nombre de trois mille. Une tortue dans laquelle j’en trouvai juste cette quantité pesait près de quatre cents livres. Les petits, peu de temps après leur éclosion, et lorsqu’ils ne sont encore guère plus larges qu’un dollar, se frayent un passage à travers le sable qui les recouvre, et se jettent immédiatement à l’eau.

La nourriture de la tortue verte consiste principalement en plantes marines telles que la zostera marina qu’elle coupe près des racines, pour en avoir les parties tendres et succulentes. On reconnaît les lieux où elle pâture aux masses de ces herbes qu’on voit flotter sur les bas-fonds ou le long des rivages qu’elle fréquente. La tortue à bec de faucon mange du varech, des crabes, diverses espèces de crustacés et de poissons. La tortue à grosse tête s’en tient presque exclusivement aux poissons à conques de grande dimension qu’elle semble