Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/55

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Les coqs continuaient de glapir en réponse à la femelle qui, pendant tout ce temps, restait sur sa palissade. Je jetai les yeux par-dessus la souche, et vis environ cinquante gros mâles qui s’avançaient majestueusement et tout à découvert, juste vers l’endroit où je me tenais en embuscade. Ils vinrent si près de moi, que je pouvais aisément distinguer le point brillant de leurs yeux. Enfin, je leur envoyai mon coup de fusil qui en coucha trois par terre ; les autres, au lieu de s’envoler, se mirent bravement à faire la roue autour des cadavres de leurs camarades ; et si je ne me fusse en quelque sorte reproché comme un meurtre, de tirer mon second coup sans nécessité, j’en aurais encore tué au moins un. J’aimai mieux me montrer, et marchant vers l’endroit gisaient les morts, je mis en fuite les survivants. Je dois aussi mentionner qu’un de mes amis, tout en courant à cheval, a tué, d’un coup de pistolet, une belle poule, alors que probablement la pauvre mère retournait à son nid.

Pour peu que vous soyez un amateur de chasse, vous n’entendrez pas non plus sans intérêt le récit suivant que je tiens de la bouche d’un honnête fermier : les dindons étaient très abondants dans son voisinage ; ils s’étaient adonnés à ses champs de blé, au moment même où le maïs venait de sortir de terre, et ils en détruisaient des quantités considérables. Notre homme jura de se venger de cette maudite engeance. Il ouvrit une longue tranchée dans un endroit favorable, y répandit beaucoup de blé, et ayant chargé jusqu’à la gueule une fameuse canardière, il la plaça de façon à