Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 1.djvu/96

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que, chez les individus jouissant de toute leur liberté, cet état de perfection est atteint environ une année plus tôt, puisqu’ils peuvent, ainsi que je l’ai dit, se reproduire dès le premier printemps après leur naissance.

Le poids des aigles de cette espèce varie beaucoup. Dans les mâles, il est de six à huit livres, et dans les femelles, de huit à douze. Ces oiseaux sont tellement attachés au canton particulier où ils ont pour la première fois fait leur nid, que rarement ils consentent à s’en éloigner, même pour une nuit, et reviennent souvent percher au plus près dans son voisinage. Ils dorment en ronflant avec un sifflement prolongé qui s’entend jusqu’à cent pas, quand le temps est bien calme. Cependant leur sommeil est très léger, et il suffit pour les éveiller en sursaut du craquement d’une branche sous le pied. Si on essaye de les enfumer pendant qu’ils reposent ainsi, à l’instant ils se lèvent et s’envolent sans pousser un cri ; ce qui ne les empêche pas, dès le soir suivant, de revenir au même juchoir.

Du temps que les vapeurs ne sillonnaient pas encore nos rivières de l’Ouest, ces aigles s’y montraient en grande abondance, particulièrement dans les parties basses de l’Ohio, du Mississipi et des cours d’eau y attenant. J’en ai vu descendre par centaines, depuis l’embouchure de l’Ohio jusqu’à la Nouvelle-Orléans, et qu’il n’eût pas été difficile de tirer. Mais à présent leur nombre est considérablement diminué, le gibier dont ils faisaient leur nourriture ayant été forcé, pour fuir la persécution de l’homme, d’aller chercher de plus lointaines solitudes. Néanmoins il en reste encore beaucoup