Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/115

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pâle lumière, pour tâcher de surprendre d’autre gibier.

Les canards qui restent avec nous durant toute l’année, et qui nichent sur les rives du Mississipi, du lac Michigan, ou dans les plaines bordant çà et là le Schuylkil, en Pensylvanie, commencent à s’accoupler au cœur même de l’hiver : et bien qu’on ne puisse dire, en aucune façon, que ces oiseaux soient doués de la faculté du chant, cependant ils ne laissent pas que de se montrer galants à leur manière. Les mâles, en brillants séducteurs, font tout d’abord la cour à la première belle qu’ils jugent digne de leur attention ; ils lui promettent une fidélité inviolable, une affection à toute épreuve : ce qui ne les empêche pas de renouveler ailleurs leurs protestations, dès qu’il s’en rencontre une autre à leur goût. Regardez celui-ci : comme il étale avec complaisance, et dans toute sa beauté, le plumage soyeux qui lui orne la tête ! comme il fait jouer la lumière sur les miroirs de ses ailes, tandis que son babil doucereux exprime l’extrême ardeur de sa tendresse ! Tantôt à l’une, tantôt à l’autre il adresse son admiration et ses flatteries, jusqu’à ce que s’enflamment de jalousie entre les rivales ; et de là, des querelles, des raccommodements, que suivent bientôt de nouveaux dédains. Enfin, pour mettre un terme à ces manœuvres amoureuses, les femelles s’éloignent et cherchent une place sûre où déposer leurs œufs et élever leur couvée. Elles amassent autour d’elles une grande quantité d’herbe sèche assez négligemment arrangée en forme de nid, dans lequel sont déposés de sept à dix œufs ; puis elles s’arrachent elles-mêmes leur duvet