Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/131

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ques jours ; mais on ne pêche guère à la gaule, parce que ces poissons se tiennent généralement au long des bancs de sable, près des endroits profonds. Comme tous les autres individus de son genre, la Perche blanche recherche, pour déposer son frai, les lits de fin gravier que recouvrent cinq à six pieds d’eau. Ces lits sont ronds avec un rebord formé du sable qu’elle tire du milieu, en le creusant de deux ou trois pouces. D’habitude elle reste quelques jours à veiller sur son trésor, sans le garder toutefois avec cette tendre sollicitude que nous avons admirée chez le petit poisson soleil ; au contraire, elle s’en éloigne à la moindre apparence de danger. Souvent j’ai pris plaisir à laisser flotter mon canot au-dessus de ces espèces de couches, quand l’eau était assez claire pour me permettre de voir et le poisson et le nid où reposent les œufs ; mais dès que le soleil brillait, l’ombre même du bateau le faisait fuir. Je suis porté à croire, sans en être cependant certain, qu’il rentre, pour la plupart du temps, dans l’Océan, vers le commencement de novembre.

La longueur de ce poisson, qu’on appelle dans l’Ohio la Perche blanche, et dans l’État de New-York, la grondeuse, est communément de quinze à vingt pouces. J’en ai vu cependant de beaucoup plus fortes. Le poids varie depuis une jusqu’à quatre et même six livres. Six semaines après leur arrivée dans les eaux douces, elles sont dans leur vraie saison : la chair en est alors blanche, ferme et excellente ; mais durant les chaleurs de l’été, elles deviennent maigres et sont rarement bonnes à manger. Quelquefois, cependant, dans les