Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/14

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peu de temps après la défaite de Bradock[1], me répétait la même chose. Moi-même je me rappelle fort bien, et beaucoup de personnes habitant Louisville à l’heure qu’il est, peuvent également se souvenir qu’il n’y a pas plus de vingt-cinq ou trente ans, rien n’était plus facile que de se procurer de ces jeunes Oies dans les marais des environs. En 1819, j’ai encore trouvé des nids, des œufs et des petits de cette espèce, non loin d’Henderson. Cependant, comme je l’ai remarqué, le plus grand nombre se retire pour nicher, bien haut dans le nord ; et jamais, que je sache, aucune n’a fait son nid dans les régions du sud. De fait, l’extrême chaleur de ces latitudes convient si peu à leur tempérament, que les essais qu’on a pu faire pour en avoir en domesticité y ont presque toujours mal réussi.

Lorsqu’elle reste chez nous dans l’intention d’y nicher, l’Oie du Canada commence à bâtir au mois de mars. Elle fait choix de quelque lieu retiré, pas trop éloigné de l’eau, généralement parmi de grands roseaux, ou même assez souvent sous des broussailles. Le nid, soigneusement composé d’herbes sèches, est spacieux, plat et presque à ras de terre. Je n’en ai vu qu’un seul élevé au-dessus du sol ; il était placé sur le tronc d’un gros arbre, au milieu d’un petit étang, environ à vingt pieds de haut, et contenait cinq œufs. Comme l’endroit était tout à fait désert, je me gardai bien de troubler les parents, curieux de savoir comment ils s’y

  1. Général anglais qui figura au siége de Québec, où il fut défait par les Français et une poignée d’Indiens.