Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/140

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avaient creusés ; et, de cette distance, ils me faisaient l’effet d’une bande d’ours ou de cochons dans les lieux où ils aiment à se vautrer ; je pouvais même distinguer la couleur de leurs yeux, qui sont bruns chez les jeunes, et jaunes chez les adultes. Après les avoir observées à loisir, je sifflai ; et aussitôt toutes relevèrent la tête pour voir de quoi il s’agissait. L’occasion était trop belle, je ne pus résister à la tentation ; d’autant moins que plusieurs de ces oiseaux avaient leurs cous si rapprochés, que j’étais sûr d’en tuer plus d’un. En conséquence, au moment même où leurs derniers cris d’alarme retentissaient, et où je les voyais prêts à se remettre à l’ouvrage, je tirai. Deux seulement, à ma grande surprise, s’envolèrent en descendant l’étang, et se dirigèrent vers moi ; de mon second coup, je les abattis. En allant au trou, j’en trouvai sept. Celles qui étaient dans les autres trous, plus au loin, s’enlevèrent en criant, et ne reparurent pas de l’après-midi. Il ne leur avait fallu qu’une semaine pour retourner la terre et labourer profondément toutes les parties sèches des étangs. Dès que les creux sont remplis par les grandes pluies, les Grues les abandonnent et se retirent en d’autres lieux.

Natchez, novembre 1821. — Les Grues fréquentent maintenant les champs de blé, de pois et de pommes de terre, en même temps que les plantations de coton. Elles se nourrissent de la graine des pois et déracinent les pommes de terre, dont elles paraissent très friandes. Dans les endroits humides, elles attrapent des insectes aquatiques, des crapauds,