Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/153

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sous les froides bouffées de l’hiver qui s’approche ; le maïs, droit encore sur sa tige, a cependant perdu toutes ses feuilles ; devant la cabane sont rangées d’énormes piles de bois ; les nuits deviennent piquantes ; la rosée, qui chaque matin a changé graduellement de forme et de consistance, revêt les herbes flétries d’une couche étincelante de glace. Pas un nuage au ciel ; des milliers d’étoiles scintillent, réfléchies sur la surface des eaux dormantes ; tout est silencieux, tout repose dans la forêt, sauf les rôdeurs nocturnes qui maintenant en fouillent les profondeurs. Qu’on est heureux dans l’humble cabane ! Excellentes gens ! C’est à qui se disputera le plaisir d’être agréable à l’hôte que le hasard a conduit près d’eux. On a dit que les Ratons abondaient dans le voisinage, et de suite l’on propose une partie qui est acceptée de grand cœur. La mère, toujours attentive, quitte son rouet, car elle a entendu ce que disait son mari. Elle s’approche de la cheminée, prend la pelle, écarte les braises, apporte un panier de pommes de terre qu’elle range devant le feu, et recouvre de cendre chaude et de charbons ; et tout cela, parce qu’elle devine qu’il y aura plus d’un estomac affamé au retour de la chasse. Douces et pures joies du modeste foyer, scènes délicieuses ! Le riche peut faire mieux, sans doute, ses banquets sont plus somptueux ; mais jamais il ne ressentira ce qu’éprouve, dans son cœur, le pauvre homme des bois. Pauvre ! Et pourquoi ? La nature et son industrie fournissent amplement à tous ses besoins ; la rivière et la forêt lui réservent les mets les plus délicats, et pour lui, le travail est encore un plaisir.