Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des chiens, prêt à saisir par le museau le premier qui tenterait de s’approcher. Ceux-ci le tinrent en haleine pendant quelques minutes ; l’eau commençait à se charger d’une vase épaisse ; le poil tout trempé lui retombait à plat sur le corps, et sa queue, couverte de boue, flottait immobile à la surface. Son grognement guttural, au lieu d’intimider les assaillants, ne faisait que les exciter d’avantage ; et tous, sans relâche ni miséricorde, ils le harcelaient de leurs aboiements furieux, comme une bande de chiens grossiers et mal appris qu’ils étaient. Enfin, l’un d’eux se hasarda à le happer au derrière, mais il dut promptement en démordre ; à un second qui l’avait attaqué par le côté, le Raton rendit son coup de dent, et je vous assure qu’il était mieux appliqué que celui qu’un troisième venait de lui porter à la queue. C’était vraiment pitié d’entendre gueuler le pauvre Tike que le Raton ne lâchait pas. Cependant, les autres s’étaient rués tous ensemble sur lui, avec des cris de mort ; mais, jusqu’au bout il tint bon, et resta suspendu au museau de son ennemi. À la fin, frappé à coups de hache sur la tête, il tomba, rendant le dernier soupir ; et le pénible battement de ses flancs faisait douleur à voir. Debout autour du marais, les chasseurs contemplaient son agonie ; l’éclat de la torche donnait aux objets environnants un aspect plus sombre et quelque chose de sinistre : c’était une de ces scènes que les peintres aiment à reproduire.

Nous avions déjà deux Ratons dont les fourrures valaient bien un demi-dollar, et dont la chair, qu’il ne faut pas oublier, devait, ainsi que le remarqua Toby,