Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

loger une balle dans la tête ; il ne fit qu’un bond et retomba mort : on dépêcha les deux autres à coups de hache et de bâton ; car, dans ce temps-là, on épargnait le plomb et la poudre, et l’on économisait ainsi de quoi tuer un daim, qui valait mieux que la peau d’un raton.

Maintenant, la lune brille au ciel, éclairant notre chasse qu’anime une nouvelle ardeur ; c’est le moment propice : en avant, en avant ! et nous allons, l’un suivant l’ombre de l’autre, qui s’allonge sur la terre. Qu’importent fossés et broussailles ! Nous doublons le pas en regagnant les montagnes. Quels hurlements, quel vacarme ! Ce sont encore les chiens. — Tous en cercle, les chasseurs lèvent la tête, cherchant à distinguer, à chaque bifurcation des branches, quelque chose de rond qui doit être un Raton. — En voici un, entre la lune et moi ; je le vois qui s’est mis en boule et se tient coi. Je lève un peu mon canon, j’ajuste, presse la détente, et l’animal dégringole. — Un autre ; encore un autre ! tous sur le même arbre. Pan, pan !!… Nous n’avons qu’à ramasser. — À présent, monsieur, allons-nous-en, dit l’homme des bois ; et contents de notre chasse, nous reprenons le chemin de la cabane. En arrivant, nous trouvons un bon feu ; au dehors, Toby s’occupe à préparer le gibier ; il étend les peaux sur une claie de roseaux et lave les corps. Cependant la ménagère dresse la table ; elle y dispose en rang quatre bols de petit-lait ; les gâteaux et les pommes de terre fument à faire envie, et les chasseurs commencent l’attaque.

Le Raton, ainsi que je l’ai dit, est un animal fin et