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LE STERNE FULIGINEUX,

OU HIRONDELLE DE MER À GRANDE ENVERGURE.


Dans l’après-midi du 9 mai 1832, je me trouvais sur le pont de la Marion ; le temps était beau, quoique chaud, et, poussé par une brise favorable, notre vaisseau fendait rapidement les ondes. Le capitaine Robert Day, qui se tenait auprès de moi, jeta un regard vers le sud-ouest, et commanda qu’on envoyât quelqu’un dans la hune, pour reconnaître si l’on n’avait pas la terre en vue. À peine l’ordre était donné, qu’un mousse grimpait le long des cordages, et bientôt après retentissait le cri : Terre, terre ! C’était les basses clefs des Tortugas vers lesquelles nous gouvernions. Rien ne fut changé dans la direction de la Dame au vert manteau, qui continua de voguer légère et confiante dans l’expérience éprouvée de son commandant. Déjà commençait à paraître la lanterne du phare étincelant de mille feux aux rayons du soleil ; puis on aperçut les mâts et les banderoles de plusieurs naufrageurs à l’ancre dans le port qui est étroit, mais parfaitement sûr.

Nous avancions toujours ; notre actif pilote, qui remplissait aussi les fonctions de premier lieutenant, me