Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/163

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nuage, monter au-dessus de l’île aux oiseaux dont nous n’étions éloignés que de quelques cents mètres ; et bientôt après, la chaloupe nous déposait, mon aide et moi, sur le rivage. En abordant, je crus un moment que les oiseaux allaient m’enlever de terre, tant ils étaient nombreux autour de moi, si vifs et si précipités étaient les battements de leurs ailes. Leurs cris, en effet, m’assourdissaient ; cependant, la moitié au plus s’étaient envolés lors de notre arrivée, et c’était pour la plupart des mâles, ainsi que nous le reconnûmes dans la suite. Nous traversâmes la grève en courant, et lorsque nous fûmes entrés sous le fourré qui s’étendait devant nous, poussant chacun de notre côté, nous n’eûmes en quelque sorte qu’à allonger le bras pour prendre des oiseaux, les uns, restés sur leurs nids, d’autres cherchant à se sauver parmi les broussailles. Ceux de nos matelots qui avaient déjà visité ces lieux, s’étaient munis de bâtons dont ils se servaient pour les abattre, tandis qu’ils volaient par troupes serrées, tout autour et au-dessus d’eux. En moins d’une demi-heure, plus de cent gisaient en tas à nos pieds, et plusieurs paniers étaient remplis d’œufs jusqu’au bord ; nous revînmes alors au vaisseau et ne voulûmes pas les troubler davantage pour ce soir-là. Mon aide en dépouilla une cinquantaine, assisté du domestique de notre commandant. Les matelots m’affirmèrent que la chair de ce Sterne était excellente ; mais, sur ce point, je n’ai pas grand’chose à dire à l’appui de leur assertion. Pour les œufs, à la bonne heure ! De quelque manière qu’on les fasse cuire, c’est vraiment un mets délicieux, et pendant notre