Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/185

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riture. Si vous vous en approchez dans ces moments-là, votre présence jette le trouble parmi les petits et les grands : le croassement que les uns et les autres ont jusqu’ici continuellement fait entendre, cesse tout à coup ; les vieux s’envolent et viennent planer autour de vous, ou se posent sur les arbres voisins, pendant que les petits s’échappent en rampant dans toutes les directions et tâchent de se sauver. Leur terreur est telle, qu’on en voit qui se précipitent à l’eau où ils nagent très vite ; bientôt ils ont atteint la rive et courent se cacher partout où ils peuvent. Retirez-vous à l’écart, pour une demi-heure, et vous serez sur de les entendre s’entre-appeler de nouveau. Leurs cris alors s’élevant graduellement redeviennent bientôt aussi bruyants que jamais. La puanteur des excréments qui recouvrent les nids abandonnés, les branches et les feuilles des arbres et des broussailles aussi bien que le sol ; l’odeur fétide qu’exhalent les œufs cassés et les cadavres des jeunes qui ont péri, jointes à celle du poisson et autres matières, font, d’une visite à ces héronnières, une véritable corvée. Corbeaux, vautours et faucons tourmentent ces oiseaux pendant le jour, tandis que les ratons et autres animaux de ce genre les détruisent à la faveur de la nuit. La chair des jeunes, tendre, grasse et succulente, est aussi bonne à manger que celle du pigeon, et n’a qu’à un très faible degré ce goût désagréable qu’on reproche aux autres oiseaux qui, comme eux, se nourrissent de poissons et de reptiles. À cette époque de l’année, on trouve rarement les vieux parés de ces plumes effilées qui leur pendent derrière la tête en