Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/19

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Je n’ai jamais pu savoir pourquoi plusieurs de ces oiseaux, pris, pour ainsi dire, à la sortie de l’œuf, ou trouvés tout jeunes encore, et qu’on avait élevés en captivité, manifestaient tant de répugnance à se reproduire, si ce n’est que peut-être ils étaient stériles de leur nature. J’en ai vu qu’on gardait ainsi depuis plus de huit ans, sans qu’ils se fussent jamais accouplés, alors que d’autres avaient des petits dès leur second printemps. J’ai remarqué aussi que quelquefois un mâle volage abandonnait les femelles de son espèce pour courtiser une Oie domestique, d’où provenait, en temps voulu, une jeune famille qui réussissait à merveille. Cette disposition tardive est loin d’être le cas ordinaire dans l’état sauvage, car j’ai vu des petits à nombre d’individus que, d’après leur taille, l’apparence négligée de leur plumage, et d’autres indices bien connus des vrais ornithologistes, je jugeais n’avoir pas plus de quinze ou seize mois. Aussi pensé-je que, dans cette espèce comme dans beaucoup d’autres, il faut une longue série d’années pour dompter la nature et lui faire oublier ses besoins natifs et ses instincts d’indépendance. Combien d’essais, en ce sens, dont le résultat devait être avantageux à l’homme, ont été abandonnés en désespoir de cause, alors que quelques années de plus de soins persévérants eussent produit l’effet désiré.

Immédiatement après le complet développement de sa famille, l’Oie du Canada se rassemble par troupes ; mais elle ne recherche pas la compagnie des autres espèces. Partout où l’Oie à front blanc, l’Oie de neige,