Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/206

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ayant l’air de beaucoup souffrir, mais sans chercher pour cela à rendre gorge. Vers l’époque où les jeunes se disposent à s’envoler, on en tue, aux environs du nid, des quantités considérables que l’on dépouille et que l’on sale pour les colons et les pêcheurs résidents de Labrador et de Terre-Neuve. Quand ils sont capables de se subvenir à eux-mêmes, les parents les abandonnent tout à fait, et dès lors vieux et jeunes cherchent séparément leur nourriture.

Le vol du grand Goëland à manteau noir est ferme, assuré, parfois élégant, assez rapide et prolongé. Quand il accomplit ses lointains voyages, il se tient ordinairement à une hauteur de cinquante ou soixante mètres, et se dirige en droite ligne par des battements d’aile aisés et réguliers. Si le temps tourne à la tempête, ce Goëland, de même que la plupart de ceux de sa tribu, effleure la surface des eaux ou de la terre, et prenant contre le vent, sans jamais lui céder, se fraye un passage au milieu des tourbillons les plus violents. Au contraire, par temps calme et quand le soleil brille, on le voit qui se balance à une immense hauteur, et pendant une demi-heure ou plus, semble se jouer au sein des airs, comme font les aigles, les vautours et les corbeaux. De temps à autre, lorsqu’il poursuit un oiseau de sa propre espèce, ou fuit devant son ennemi, il se précipite par bonds rapides qui toutefois ne se prolongent pas, et bientôt après se renlève et recommence à planer, en décrivant des cercles. Si l’homme tente d’empiéter sur ses domaines, il se tient au-dessus de lui, à une distance respectueuse, non plus en planant,