Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/212

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où on le garda quelques semaines dans une cellule du vieux collége, me fut présenté par le portier, M. John Wilson, homme véritablement distingué par l’intérêt qu’il prenait à tout ce qui pouvait servir aux progrès de l’histoire naturelle. Nous réussîmes aussi à apprivoiser complétement ce héron ; et jusqu’en la présente année 1835, il est demeuré chez moi, ayant tout le jardin pour se promener, les arbres pour se percher, et jouissant d’un libre accès dans le Loch[1] qui forme la limite de mon jardin. Un jour, c’était au printemps de 1822, le gros Goëland se trouva manquer à l’appel, et nous nous assurâmes, je ne me souviens plus comment, qu’il n’avait été ni volé, ni tué, ainsi que nous le supposions d’abord, mais qu’on l’avait vu passer par-dessus le village, allant au nord, probablement pour gagner la mer. J’avais perdu tout espoir de le revoir jamais, lorsqu’en rentrant chez moi, vers la fin d’octobre, même année, je fus tout étonné d’entendre la servante me crier, d’un air de triomphe : Monsieur, monsieur, le gros Goëland est revenu ! Effectivement, je l’aperçus qui se promenait, comme d’habitude, à travers le jardin, en compagnie de son vieil ami le héron, que, j’en suis convaincu, il reconnaissait parfaitement. Il disparut de nouveau le soir, et revint au matin, pendant plusieurs jours de suite. Alors Peggy jugea prudent de l’enfermer ; mais évidemment la prison n’était pas de son goût, et on se décida à lui rendre la liberté, bien qu’il courût grand risque d’être tué sur l’étang du moulin par quelque jeune chasseur d’Édim-

  1. Marais.