Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/219

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quelques heures, le lendemain matin, il promettait de me procurer une partie de plaisir telle qu’on en voit rarement dans le pays. Sur ce, nous rentrâmes à la ferme, et après une nuit employée à bien dormir, nous étions, le lendemain, debout avec l’aurore.

Je crois que tout va à souhait, dit mon hôte, car les chiens me paraissent impatients de partir. Ce ne sont pourtant que de pauvres chiens de berger ; mais leur nez n’en est pas pour cela plus mauvais. Effectivement, en le voyant prendre son fusil, sa hache et un grand couteau, ils se mirent à hurler de joie et à gambader autour de nous. — À la première fosse, nous trouvâmes l’appât enlevé et toute la plate-forme bouleversée : l’animal s’était pris, mais à force de gratter, il était parvenu à se creuser un passage souterrain par où il avait pu s’échapper. Le fermier alla regarder dans l’autre… Ah, ah ! s’écria-t-il, il paraît que nous avons là-dedans trois camarades et de la belle espèce, je vous en réponds. J’avançai la tête et je vis les loups, deux noirs, le troisième roussâtre, et tous, pour sûr, d’une taille respectable. Ils étaient étendus à plat par terre, les oreilles couchées, et leurs yeux manifestant plus de frayeur que de colère. — Maintenant, dis-je, comment faire pour mettre la main dessus ? — Comment, monsieur ? mais probablement en descendant dans la fosse où nous leur couperons le nerf du jarret. Un peu novice en ces matières, je demandai au fermier la permission de rester simple spectateur. — À votre aise, me répondit-il, demeurez ici et regardez-moi faire à travers les broussailles. Ce disant, il se laissa glisser en bas,