Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/22

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qu’ils se tiennent sur les bords de la mer, et moins ont d’étendue les lacs et les étangs qu’ils fréquentent, plus il est facile de les surprendre. Ils cherchent ordinairement leur nourriture à la manière du cygne et du canard, c’est-à-dire en enfonçant la tête sous l’eau, dans les étangs peu profonds, au bord des lacs et des rivières, tandis que tout le devant du corps est submergé, et qu’ils ont les pattes et le derrière en l’air ; mais dans ce cas, jamais ils ne plongent. Lorsqu’ils paissent sur les champs ou les prairies, ils tranchent l’herbe de côté, ainsi que fait l’Oie domestique ; et après qu’il a plu, on les voit fouler rapidement la terre des deux pieds, comme pour en faire sortir les vers. Parfois ils barbotent dans l’eau fangeuse, mais bien moins fréquemment que les canards, et surtout que le Canard sauvage. Ils recherchent avidement les champs de blé, quand la feuille est encore tendre, y passent souvent la nuit, et y commettent de grands dégâts. En quelque lieu qu’on les rencontre, et si loin que ce puisse être des demeures de l’homme, on les trouve toujours soupçonneux et sur le qui-vive. Pour la puissance de la vue et la subtilité de l’ouïe, il n’est peut-être pas d’oiseau au monde qui les surpasse. Ils se gardent les uns les autres ; et pendant que la troupe repose, un ou deux mâles font sentinelle. La présence du bétail, d’un cheval ou d’un daim ne les étonnera pas ; mais qu’il s’agisse d’un couguar ou d’un ours, sa venue est aussitôt annoncée ; et si la troupe est par terre, dans le voisinage de quelque étang, tous ils se retirent à l’eau dans le plus profond silence, gagnent le large et restent là,