Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/245

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endroits peu profonds, et les canards huppés couraient après pour le ramasser. — Là, nous remarquâmes une grande source salée que fréquentaient les buffles ; mais, où sont-ils aujourd’hui, ces puissants animaux qui, faisant voler la poussière, exhalaient alors en longs beuglements leur colère ou leur amour ?

Cependant, les pieds du bon M. Rose devenaient de plus en plus malades ; M. S… était aux abois, et mon fils, chaque jour, paraissait plus leste et plus dispos. Le 20, il fit sombre et nous craignions de la pluie, d’autant plus que le terrain était plat et argileux. Dans le comté d’Union, nous atteignîmes une large clairière où se trouvait l’habitation d’un juge qui eut la complaisance de nous mettre dans la grande route et de nous accompagner un mille plus loin, avec d’excellentes instructions touchant les ruisseaux, les bois et landes qu’il nous faudrait encore traverser ; ce qui toutefois ne nous eût pas tirés d’embarras, si un voisin à cheval ne s’était offert pour nous montrer notre chemin. La pluie tombait maintenant à verse, et nous incommodait fort ; mais enfin, arrivés à Highland Lick, nous heurtâmes à la porte d’une cabane, que nous faillîmes défoncer, en bousculant une chaise qui était placée derrière. Sur un sale lit, un homme était étendu, ayant devant lui une petite table sur laquelle se trouvait un livre de commerce ; un pistolet pendait au clou à son chevet, et une longue dague espagnole à son côté. Il se leva, en me demandant ce que je voulais ? — Une meilleure auberge, et le chemin pour aller à Sugg. — Suivez la route, et au bout de cinq milles, vous trouverez le