Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/273

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nos citadines, ou les perruques poudrées et les habits brodés des beaux de l’ancien régime. Je reçus un cordial accueil, et l’on m’offrit un gros morceau de pain avec un plat de mélasse et quelques pommes de terre.

Épuisé par une longue marche, je m’étendis du côté opposé à la fumée, et ne tardai pas à m’endormir d’un profond sommeil. Quand je me réveillai, il faisait jour. Une épaisse gelée couvrait la terre ; mais la troupe rustique déjà levée, après avoir dit sa prière, s’était remise à l’ouvrage avec un nouvel entrain. Je portais avec bonheur mes regards autour de moi : tout le terrain aux environs semblait avoir été déblayé et débarrassé du taillis et des broussailles, et l’on eût dit que les érables hauts et serrés, qui seuls restaient debout, avaient été plantés en alignement. Entre eux serpentaient divers ruisseaux qui faisaient entendre un doux murmure en précipitant leur cours vers une rivière ; le soleil fondait peu à peu les gouttes de rosée que le froid avait rendues solides, et déjà quelques chantres ailés joignaient leurs refrains précoces aux chœurs bruyants des filles des bois. Qu’un éclat de rire vînt à être répété par l’écho sous les voûtes de la forêt, aussitôt répondait les houhou de la chouette ou le glou-glou du dindon ; et les garçons se réjouissaient, en prêtant l’oreille à ce signal. Avec de grandes cuillers on agitait, dans les chaudières, le jus de l’érable qui s’épaississait ; les plus jeunes de la troupe apportaient à seaux la séve recueillie des arbres, tandis que çà et là on voyait les hommes robustes occupés d’abord à faire une entaille au tronc des érables, puis, à l’aide