Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/275

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Je vais essayer de vous faire connaître, en deux mots, la manière dont on obtient ce sucre : L’arbre qui le fournit, l’érable à sucre (acer saccharinum), croît plus ou moins abondamment dans toutes les parties de l’Union, depuis la Louisiane jusqu’au Maine. Sur chaque tronc, à la hauteur de deux à six pieds, on fait une incision dans laquelle on introduit un tuyau de canne ou d’autre bois[1] ; on place dessous un auget pour recevoir la séve qui distille goutte à goutte, aussi limpide que la plus pure eau de source. Quand tous les arbres, sur un certain espace, ont été ainsi perforés, et lorsque les augets sont remplis, on en verse le contenu dans de grands vaisseaux. Pendant ce temps, un camp a été dressé au milieu des érables ; des chaudières de fer sont établies sur des supports en pierre ou en brique, et l’ouvrage avance rapidement. Quelquefois des familles du voisinage se réunissent aux premiers arrivés ; c’est comme une partie de plaisir, et tout ce monde reste ainsi hors de chez soi, pendant des semaines, car les augets et les chaudières veulent être surveillés sans relâche, jusqu’à ce que le sucre soit fait. Les hommes et les jeunes gens se chargent de la grosse besogne ; les femmes et les filles ne manquent pas non plus d’occupation.

Il faut dix gallons de séve pour faire une livre de

  1. Ordinairement de sureau ou de sumac ; pour les augets, on évite de se servir de châtaignier, de chêne, et surtout de noyer noir, parce que la séve se chargerait de la partie colorante de ces bois, et même en contracterait un certain goût d’amertume.