Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/280

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aux habitants qui s’en servent pour l’entretien de leurs lampes. Le Fulmar a l’appétit vorace ; toute substance animale lui est bonne ; cependant il préfère celles qui sont d’une nature grasse, telles que l’huile de baleine et de veau marin. C’est pour cela qu’ils suivent en troupes la trace des baleiniers ; ils sont si friands de ce mets favori, qu’on les voit souvent s’abattre sur l’immense cétacé, avant qu’il soit mort, et commencer immédiatement à lui déchirer la peau avec leur bec crochu, pour se repaître jusqu’à satiété de sa graisse. »

Le révérend W. Scoresby, dans ses Régions arctiques, rend à peu près le même témoignage des mœurs du Fulmar, d’après les observations qu’il a faites aux mers polaires. « Le Fulmar, dit-il, est le compagnon assidu des pêcheurs de baleines. Il se joint à l’expédition immédiatement après qu’elle a passé les îles Shetland, et suit les vaisseaux à travers les déserts de l’Océan, jusqu’aux plus hautes latitudes. Il est continuellement aux aguets, attendant qu’on lui jette quelque chose par-dessus le bord. La plus mince particule de graisse ne peut lui échapper ; à ce point que les mousses, pour le prendre, se servent souvent d’un hameçon qu’ils amorcent avec de la viande grasse ou du lard de baleine, et qui pend au bout d’une longue corde. Au printemps, avant qu’ils se soient gorgés de gras de baleine, la chair de ces pétrels est encore mangeable, et même on peut dire qu’elle devient très bonne, après qu’on l’a dépouillée de sa peau, bien nettoyée de toute la substance jaunâtre et huileuse qui forme couche en dessous, et qu’on a eu soin de la laisser convenablement tremper dans