Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/287

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citez-vous encore une fois, à la pensée d’avoir tué leur ennemi, et votre ami à vous, le pauvre corbeau. Sous cette grosse poule, n’est-ce pas, vous aviez mis il y a huit jours, une douzaine d’œufs ; allez les chercher à présent ! Elle a eu beau crier et hérisser ses plumes, l’Opossum les lui a ravis l’un après l’autre. Et voyez-la, la malheureuse, courant à travers votre cour, hébétée et presque folle : elle gratte la terre, cherche du grain et ne cesse, tout ce temps, d’appeler ses petits. Mais aussi vous avez tué des corbeaux et des corneilles ! Ah ! si vous aviez été moins cruel et plus avisé, l’Opossum n’aurait pas quitté ses bois, et il eût dû se contenter d’un écureuil, d’un levraut, des œufs du dindon sauvage, ou des grappes de raisin qui pendent, avec tant de profusion, de chaque arbre de nos forêts. Inutiles reproches ! vous ne m’écoutez pas.

La femelle de l’Opossum peut être citée comme un modèle de tendresse maternelle. Plongez du regard au fond de cette singulière poche où sont blottis ses jeunes, chacun attaché à sa tétine. L’excellente mère ! non-seulement elle les nourrit avec soin, mais les sauve de leurs ennemis. Elle les emporte avec elle, comme fait le chien de mer, de sa progéniture[1] ; et d’autres fois, à l’abri sur un tulipier, elle les cache parmi le feuillage. Au bout de deux mois, ils commencent à pouvoir se subvenir à eux-mêmes ; chacun alors a reçu sa leçon particulière qu’il lui faut désormais pratiquer.

  1. On dit que les chiens de mer, et particulièrement le requin, peuvent cacher leurs petits dans leur estomac.