Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/292

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comparés à ceux de la bécassine. En outre, il existe entre les mœurs de ces deux espèces une différence que je m’étonne de ne pas voir mentionnée par Wilson, cet observateur si judicieux et si habile : je veux dire que la Bécasse, dont l’habitude est de fouiller la vase, fréquente cependant l’intérieur des grandes forêts où l’on remarque un peu d’humidité, et qu’elle s’y occupe à retourner les feuilles avec son bec pour chercher dessous sa nourriture, à la manière du pigeon voyageur, des quisquales et autres oiseaux. Il en est autrement de la bécassine : on la voit parfois se poser au bord des étangs et des cours d’eau ombragés, mais elle ne vole jamais au travers des bois.

La Bécasse d’Amérique, ou, comme on l’appelle dans le Nouveau-Brunswick, le bog-sucker[1], se trouve l’hiver en abondance et dispersée dans les États du sud, parfois même dans les parties chaudes et retirées des districts du centre. Ses stations, à cette époque, semblent entièrement dépendre de l’état plus ou moins favorable de la saison : dans la Caroline, ou même dans la basse Louisiane, il suffit, comme je l’ai souvent observé, d’une nuit de forte gelée, pour qu’au matin il n’en reste presque plus là où, la veille, on les avait encore vues en grand nombre. Jusqu’à présent on n’a pu déterminer les limites de leurs migrations au Nord, lorsque va commencer pour elles la saison des œufs. Pendant mon séjour à Terre-Neuve, on m’assura qu’elles y nichaient ; mais ni là, ni au Labrador, je n’en pus voir une seule.

  1. Suceur de marais.