Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/318

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en donnent simultanément sur le sol, elles bondissent et puis s’envolent. Les pieds, outre ce que j’en ai dit, ne leur servent guère qu’à supporter le corps, quand elles s’abattent sur une branche. Dans cette position, elles se tiennent difficilement droites, bien que pouvant marcher de côté, comme les perroquets. Jamais elles ne plongent. Leur bec, par sa forme, rappelle celui du cormoran qui, lui non plus, ne plonge jamais en volant pour prendre un poisson, mais se laisse seulement aller dans l’eau, de dessus sa perche ou son rocher, quand quelque danger le menace. C’est, du reste, ce que font les anhingas et différents autres oiseaux.

Quand notre Frégate a besoin d’un poisson mort, d’un crabe ou de tout autre objet flottant qui convient à son appétit, elle s’approche de l’eau à la manière des goëlands, les ailes hautes et battant sans cesse, jusqu’à ce que le bec ait accompli sa fonction. Cela fait, elle se renlève immédiatement et dévore sa proie.

Elle voit très bien la nuit, et cependant ne va jamais à la mer que le jour. Maintes fois, et à différentes heures, j’ai longé sur ma barque des îles couvertes de mangliers où se tenaient perchés des centaines de ces oiseaux, qui paraissaient profondément endormis. Alors, pour les faire partir, je n’avais qu’à tirer un coup de fusil, et sur-le-champ je les voyais prendre l’essor et fendre l’air avec autant d’aisance qu’au milieu du jour ; puis ils revenaient se percher, quand le bateau s’éloignait. Ils ne sont point farouches, et même semblent ne pas craindre le fusil. Rarement partent-ils tous, quand on tire après eux ; ils ne s’effrayent sérieusement