Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/333

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la joie et la richesse semblent s’être fixées dans l’habitation du planteur, toujours prête à recevoir l’étranger ou le voyageur égaré qui cherchent un lieu de repos. Le gibier abonde ; les Indiens libres, à l’époque dont je parle, ne laissaient manquer le marché ni de venaison ni de dindons sauvages ; enfin, le Mississipi qui baigne le bas de la montagne, à quelques centaines de pieds au-dessous de la ville, fournit aux habitants de nombreuses variétés de poisson. Le plus grand inconvénient est le manque d’eau que l’on est obligé de charrier du fleuve, pour les usages communs ; tandis que celle qu’on boit est reçue des toits, dans des citernes, et devient très rare durant les longues sécheresses. Jusqu’à ces dernières années l’oranger y rapportait en plein air ; mais de grands changements sont survenus dans la température, et maintenant des gelées fortes quoique passagères obligent de le tenir en serre, pour qu’il puisse mûrir son fruit.

On voit encore, à quelque distance de la ville, les restes d’un vieux fort espagnol. On me dit que, deux ans auparavant, une grande partie de la montagne voisine s’était éboulée en glissant à une centaine de pieds, et qu’elle avait entraîné dans la rivière beaucoup de maisons de la basse ville. Ce malheur, à ce qu’il paraît, était arrivé par suite de l’infiltration des sources qui coulent au-dessous des strates d’argile et de sable mouvant dont elle est composée. La portion restée en place présente une large excavation en forme de bassin dans lequel on jette les immondices, qui servent de nourriture aux vautours quand ils ne peuvent rien