Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/341

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lever également des mangliers, et planer autour de nous à la pâle clarté de la lune, semblables à une légion de spectres. Je désespérais de pouvoir m’en procurer un seul ; la marée montait rapidement ; et quand nous rejoignîmes l’autre bateau, on nous dit que si nous avions eu la précaution de ne les tirer que sur les arbres, nous aurions pu en tuer plusieurs ; mais qu’à présent il nous faudrait attendre jusqu’à la pleine marée, tous les oiseaux étant partis pour chercher la nourriture.

Les bateaux se séparèrent de nouveau ; et on convint que celui qui tuerait un Héron en donnerait chaque fois avis aux autres, en tirant un second coup de fusil, une minute exactement après le premier.

M. Egan nous avait, en passant, montré un nid sur lequel on voyait deux jeunes Hérons, et s’était fait mettre à terre pour guetter au pied de l’arbre. Quant à moi, je poussai mon bateau dans une petite anse où j’attendis environ une demi-heure. Alors un Héron passa au-dessus de ma tête, et celui-là, je ne le manquai pas. C’était un beau vieux mâle. Avant même que j’eusse pu tirer pour avertir mes compagnons, j’entendis un coup au loin ; le mien partit, et j’en entendis un second : j’étais donc certain qu’il y avait deux oiseaux de tués. Effectivement, en rejoignant le bateau du capitaine, je le trouvai qui en tenait un. Mais M. Egan avait en vain fait sentinelle, pendant deux heures, auprès du nid ; ni le père ni la mère n’avaient paru. Nous le reprîmes avec nous, et nous chargeâmes de notre double capture. Maintenant le flot était presque entièrement monté. À un mille à peu près du lieu