Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/359

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lands, ou du moins, la plupart d’entre eux, auraient abandonné les arbres et repris leur ancienne manière de nicher par terre. Il me le promit ; mais d’après ce que j’ai vu dans la suite, je ne crois pas que cette habitude revienne jamais : car sur plusieurs autres îles voisines où les pêcheurs et les chercheurs d’œufs ont un libre accès, les Goëlands, pillés chaque année, ont tout à fait pris le parti de ne plus nicher que sur les arbres. Je crois même qu’à la longue, se voyant ainsi tourmentés, ils finiront par s’établir sur les parties les plus inaccessibles des rochers ; et j’ajoute que M. Franckland m’a dit que déjà plusieurs couples avaient choisi ces lieux de refuge, pour élever leur famille en parfaite sécurité. Le plus remarquable effet produit par ce changement de domicile, c’est que les petits éclos sur les arbres ou les rochers élevés ne peuvent quitter le nid qu’ils ne soient capables de voler ; tandis que ceux dont le berceau est placé simplement par terre, courent aux environs au bout d’une semaine et se cachent, à la vue de l’homme, parmi les mousses et les plantes où souvent ils trouvent leur salut. Quant aux premiers, on les jette à bas du nid, ou bien on les assomme à coups de gaule, leur chair étant considérée comme excellente par les chercheurs d’œufs et les pêcheurs, qui en font provision et la salent pour l’hiver.

Quelques-uns de ces nids étaient placés à plus de cinquante pieds de haut sur les arbres ; d’autres, trouvés dans les profondeurs des bois, n’étaient qu’à huit ou dix pieds de terre et collés contre le tronc, comme pour échapper plus sûrement à l’œil. C’était vraiment un