Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/361

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orange clair, l’albumen d’un blanc bleuâtre, et je les donne pour un excellent manger.

Vers les premiers jours de mai, ces Goëlands se rassemblent par grandes troupes : le temps de la reproduction est arrivé. Alors ils se retirent sur les bancs de sable ou de vase, dans les eaux basses, et l’on entend de très loin leur bruyant caquetage. À l’aide d’une lunette vous pouvez suivre les mâles dans leurs galantes démonstrations : la tête haute et la gorge gonflée, ils marchent fièrement et tâchent, par leurs notes les plus tendres, d’exprimer toute la vivacité de leurs désirs. Ces réunions générales ont lieu à quelque heure du jour que ce soit, selon l’état de la marée, et se continuent pendant une quinzaine ; après quoi ils partent tous pour les îles où ils veulent nicher. Plusieurs de ces îles sont situées près celle où nous étions. Il y en a une, non loin du cap Sable, à quelques milles de l’extrémité sud de la Nouvelle-Écosse, sur laquelle, en longeant cette côte, comme nous voguions vers le Labrador, nous en vîmes des milliers perchés sur les arbres. Certains d’entre eux commencent à pondre dès le 19 mai et même quelques jours plus tôt, tandis que d’autres n’ont pas encore fini à la mi-juin. Dans cet intervalle ils se retirent, à des heures déterminées, sur quelques îlots couverts de rochers où la copulation s’accomplit. Un jour que nous étions assis au bord d’un grand banc de sable, mangeant notre dîner, nous aperçûmes un nombre immense de ces Goëlands formant sur les rochers une masse épaisse qui couvrait environ une demi-acre. À midi, ceux qui n’étaient pas retenus à couver passèrent