Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/377

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Après que l’incubation a commencé, les femelles se tiennent à leur poste et ne se montrent plus guère. Je ne sais si les mâles les assistent ou non dans leur tâche pénible, mais toujours est-il qu’ils ne les abandonnent pas. Le nid a tout simplement l’apparence d’un petit enfoncement dans une touffée de mousse ou dans une place sèche sur la lande ; quelques brins d’herbe flétris en tapissent négligemment le fond. Les œufs, ne dépassant jamais le nombre de quatre, se trouvent, comme c’est l’habitude dans cette famille, ramassés ensemble par le petit bout. Ils sont beaucoup plus gros et plus pointus que ceux du vanneau, leur longueur étant d’environ deux pouces un huitième, sur une largeur d’un pouce et demi. La coquille, mince et lisse, est d’un jaune grisâtre, irrégulièrement brouillée et pointillée de brun foncé, avec quelques légères taches pourpres, plus marquées vers le gros bout. Les jeunes quittent le nid immédiatement après avoir brisé la coquille, et commencent à se cacher en se foulant à plat sur la terre. À ce moment, la femelle témoigne la plus vive inquiétude pour leur sûreté : s’il en est besoin, elle feindra d’être boiteuse, pour attirer l’ennemi à sa suite ; plusieurs fois je l’ai vue, cette tendre mère, s’envoler à une distance considérable, puis, se posant dans un endroit bien découvert, se traîner par terre comme si elle eût été prête à mourir, et battre péniblement des ailes pour faire croire qu’elle les avait cassées. Les œufs sont excellents, et la chair des jeunes n’est pas moins délicate quand ils commencent à prendre leurs plumes.