Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/40

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Ces poissons, qui excèdent rarement cinq ou six pouces en longueur, n’en ont d’ordinaire que de quatre à cinq, sur un ou deux de large. Leur chair, qui renferme peu d’arêtes, fournit en toute saison un manger excellent. Ayant remarqué que leur couleur changeait suivant les différentes contrées et les rivières, lacs ou étangs qu’ils fréquentent, j’ai été conduit à penser que ce curieux résultat pourrait bien provenir de la différence de coloration des eaux. Ainsi, ceux que j’ai pris dans les eaux profondes de la rivière Verte, au Kentucky, présentaient une teinte olive brun foncé toute autre que la couleur générale de ceux qu’on pêche dans les ondes si claires de l’Ohio ou du Schuylkill ; ceux des eaux rougeâtres des marais, dans la Louisiane, sont d’un cuivre terne, et ceux enfin qui vivent dans les courants qu’ombragent des cèdres ou des pins, se distinguent par une nuance pâle, jaunâtre et blême.

En quelque lieu qu’on la rencontre, cette petite Perche témoigne une préférence décidée pour les lits rocailleux, les bancs de sable et de gravier, et toujours elle évite les fonds bourbeux. Quand vient le moment du frai, cette préférence est encore plus marquée : on la voit alors passer et repasser sur les endroits où l’eau est basse, cherchant le gravier le plus fin ; un instant elle se balance, puis se laisse aller lentement jusqu’au fond, où, à l’aide de ses nageoires, elle creuse dans le sable une sorte de nid de forme circulaire, et qui peut avoir une étendue de huit à dix pouces. En quelques jours, un petit rebord s’élève à l’entour, et la place ainsi préparée et rendue bien propre, elle y dépose ses œufs. Si vous