Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/402

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temps les plus reculés, comme il l’a fait depuis les âges ténébreux de la mystérieuse antiquité !

Dans son introduction au second volume de la Faune boréale américaine, le docteur Richardson nous apprend que le Pelecanus onocrotalus (aujourd’hui Pelecanus americanus) se trouve par grandes troupes, durant tout l’hiver, dans les régions du Nord. À la page 472, cet intrépide voyageur nous dit que les Pélicans sont nombreux dans l’intérieur de ces mêmes contrées, en remontant jusqu’au seizième degré, mais qu’ils approchent rarement à moins de deux cents milles de la baie d’Hudson. Ils déposent leurs œufs sur les rochers des îles, à la chute des cascades, là où ils n’ont guère à craindre d’être inquiétés ; et cependant ce ne sont pas des oiseaux farouches. Mon savant ami parle aussi de la longue protubérance osseuse qu’ils portent sur la mandibule supérieure, et quoique ni lui ni M. Swainson ne fassent ressortir les autres différences bien réelles qu’on remarque entre cette espèce et celle d’Europe, il constate néanmoins que l’existence de cette dernière particularité n’a point été signalée chez le Pélican blanc de l’ancien continent.

Il y a déjà plus de trente ans, lorsque je me retirai pour la première fois dans le Kentucky, je voyais très fréquemment de ces Pélicans sur les bancs de sable de l’Ohio et sur les rochers qui brisent le cours de cette majestueuse rivière, à l’endroit qu’on appelle les Rapides, situés entre Louisville et Shippingport ; et même quelques années plus tard, lorsque je m’établis à Henderson, ils étaient si abondants, qu’il m’arriva souvent d’en