Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/409

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tous les gens de l’équipage, leur recommandant de m’en tuer le plus qu’ils pourraient. Mais voyant que, malgré toutes ces précautions, je n’avais encore pu m’en procurer un seul, je me décidai à tenter moi-même une expédition avec quelques hommes choisis. J’avais entendu dire à nos matelots que de grandes troupes de ces oiseaux fréquentaient les îlots intérieurs de la baie de Barataria : en conséquence, je fis équiper un bateau, et mon ami Édouard Harris, mon fils et moi, nous partîmes pour les chercher. Effectivement nous ne tardâmes pas à en apercevoir un nombre considérable sur de gros tas de souches ; mais il n’était pas facile d’en approcher, à cause du peu de profondeur que présentait l’eau, à près d’un demi-mille autour de nous. Cependant, avec toute la précaution possible, nous parvînmes à nous avancer suffisamment ; et je l’avoue, j’éprouvai un singulier plaisir en me retrouvant, une fois encore, à portée de fusil d’une troupe de Pélicans blancs. Et vous non plus, cher lecteur, vous n’eussiez pu vous défendre d’un vif intérêt, en voyant le calme et la gravité de ces oiseaux dont plus d’une centaine couvraient confusément de larges piles de bois, ou s’étendaient en longues files sur un étroit banc d’huîtres. Ils reposaient appuyés sur la gorge ; mais en nous voyant approcher, ils se levèrent prudemment de toute leur hauteur ; quelques-uns se laissèrent glisser de dessus les souches et nagèrent vers les troupes voisines, aussi insouciants du danger que s’ils eussent été à un mille de nous. Déjà nous voyions distinctement leurs yeux brillants ; nos fusils, chargés avec du plomb à daim, étaient