Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/455

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les voilà qui, virant de bord, reviennent tournoyer presque au-dessus de votre tête, et toujours en rangs si pressés qu’on dirait un nuage sombre qui tantôt monte, tantôt se précipite vers la terre comme un torrent. S’ils voient que vous vous éloignez, ils tournent encore quelques instants ; et quand ils sont certains qu’il n’y a plus de danger, ils descendent pêle-mêle, portant haut les ailes qu’ils ramènent ensuite près du corps ; et formant alors une masse confuse, ils s’étendent de nouveau sur le sable, pour ne se renlever que lorsque la marée les y forcera. Mais quand c’est sur la terre ferme qu’ils se reposent ainsi durant le flux, d’ordinaire ils ne restent pas longtemps à la même place, comme s’ils craignaient de ne pas y être en sûreté ; et si on les observait, à ce moment, on pourrait croire qu’ils s’occupent à chercher leur nourriture.

Dès que les ombres du soir sont descendues, les Écumeurs commencent à se disperser. Ils s’en vont seul à seul, par couples, ou bien en petites troupes de trois à quatre, quelquefois de huit à dix individus, selon apparemment que la faim les presse ; puis ils partent, se dirigeant chacun de leur côté, vers des parties du rivage qu’ils ont préalablement reconnues, et s’élèvent avec la marée jusqu’à une hauteur considérable le long des bords. Ils volent tant que dure la nuit, pour chercher la proie, et j’ai eu moi-même la preuve de ce fait, un jour que je remontais le Saint-Jean, sur le Spark, schooner de la marine des États-Unis. Toute la nuit, je le répète, sauf une seule heure, j’entendis retentir leurs cris perçants, et je distinguais ainsi parfaitement dans