Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/475

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marche n’est, à vrai dire, qu’un pénible clopinement. Quand le soleil brille, il aime à étendre ses ailes pour se réchauffer : et, pendant tout ce temps, il agite sa tête avec violence et ne cesse de pousser son cri rauque et guttural : cara, karew, karow ! Représentez-vous l’effet que produit un concert de cette espèce, exécuté par tous les Fous rassemblés sur leurs nids et couvrant un rocher comme celui du golfe Saint-Laurent ; tandis qu’au milieu de ce vacarme s’élèvent, sans discontinuer, les hurlements et les glapissements de ceux qui se préparent à s’envoler.

Quand le nid vient d’être terminé, il a bien deux pieds de haut, et autant en diamètre à l’extérieur. Il est construit d’herbes marines et de varech, que ces oiseaux vont quelquefois chercher très loin. C’est ainsi que les Fous qui nichent sur le golfe Saint-Laurent doivent le charrier des îles de la Madeleine, lesquelles sont à une distance de près de trente milles. Quant aux herbes, ils les arrachent sur la place même et en pétrissent de grosses mottes, composées en outre de racines et de terre, dans lesquelles ils pratiquent une ouverture assez semblable à l’entrée du trou des puffins. Ces nids, comme ceux des cormorans, sont agrandis ou réparés chaque année. La femelle n’y dépose qu’un œuf, d’une forme ovale allongée, et dont le grand diamètre est de 3 pouces 1/12, le petit de 2 pouces. Une matière calcaire blanche et rugueuse revêt entièrement la coquille, qui, lorsqu’on l’a grattée, laisse voir en dessous une couche d’un bleu pâle verdâtre.

D’habitude, ces oiseaux arrivent au roc déjà accou-