Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/479

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trefois si proprement arrangés, sont aplatis et foulés aux pieds ; les jeunes oiseaux, pêle-mêle, vagabondent partout où il leur plaît. Ils ont bien la mine, en vérité, de grands fainéants ; et chez nul autre oiseau je n’ai vu cet air de nonchalance qui donnerait à penser qu’ils s’occupent aussi peu du présent que de l’avenir. Maintenant le père et la mère sont déchargés d’une partie de leurs soins ; ils se contentent de déposer à côté d’eux tels poissons qu’ils peuvent attraper ; encore leur en donnent-ils rarement plus d’une fois par jour ; et, chose singulière, les jeunes ne semblent pas même faire attention à leurs parents, lorsqu’ils viennent ainsi leur apporter à manger.

Les Fous ne se nourrissent pas exclusivement de harengs, quoi qu’en aient dit nombre de personnes ; car moi, je leur ai trouvé dans l’estomac des capelans de huit pouces de long, ainsi que de forts maquereaux d’Amérique qui, pour le dire en passant, sont très différents de ceux qu’on rencontre en si grande abondance sur les côtes d’Europe.

Les jeunes ne quittent jamais le lieu où ils ont été élevés, qu’ils ne soient bien en état de faire usage de leurs ailes ; et alors ils se séparent des vieux oiseaux, pour ne les rejoindre, au plus tôt, qu’une année après. J’en ai vu quelquefois qui étaient toujours bigarrés de taches gris sombre, avec la plupart de leurs rémiges primaires encore noires ; et je ne crois pas que leur plumage puisse se montrer, dans tout son beau, avant la fin de la deuxième année. J’ai vu aussi des individus qui avaient une aile d’un noir très pur et la queue de